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La Chirurgie Bariatrique : passeport pour une nouvelle vie !

le 04/10/2017

Phénomène en constante augmentation au niveau régional et national, notamment dans les populations aux revenus modestes, l’obésité diminue l’espérance et la qualité de vie. Selon l’importance du surpoids, les risques cardio-vasculaires (infarctus, etc.) sont multipliés par deux. À cela s’ajoutent les risques métaboliques (diabète), respiratoires (syndrome d’apnée du sommeil) et les cancers (première cause de mortalité non cardio-vasculaire chez les patients obèses). Heureusement, la chirurgie bariatrique (ou chirurgie de l’obésité) qui connaît en France un véritable essor depuis 10 ans (environ 50 000 personnes opérées en 2016) diminue cette surmortalité. Encore confidentielle dans le début des années 1990, ce type de chirurgie a connu un premier boom avec l’arrivée de la cœlioscopie, une technique peu invasive. Plusieurs petites incisions permettent l’introduction d’une minicaméra et d’instruments fins pour réaliser notamment la mise en place d’un anneau gastrique.

« À partir de 1998, nous avons commencé à pratiquer ce type d’opération qui visait à rétrécir le passage des aliments vers l’estomac à l’aide d’un anneau dont le diamètre est réglable. En raison de son manque d’efficacité à long terme, cette technique a été remplacée par deux grands types de chirurgie qui modifient l’anatomie du système digestif », résume le Dr Frank Siriser, installé dans le service de Chirurgie Digestive et Viscérale en 1993, à l’ouverture de la nouvelle Clinique Saint-Martin.

 

Sleeve ou by-pass ?

Recommandée notamment pour les jeunes femmes pouvant avoir un désir de grossesse, la gastrectomie longitudinale en manchon (sleeve gastrectomy), une technique restrictive assez simple à réaliser (environ 1 heure d’opération), vise à réduire la capacité gastrique (volume utile de l’estomac) afin d’obtenir un sentiment de satiété plus rapidement. Plutôt réservé aux personnes en très grand surpoids et aux diabétiques, le by-pass gastrique (ou court-circuit gastrique), technique mixte à l’exécution plus complexe (environ 2 heures), associe à cette restriction gastrique la création d’un système de dérivation dans le tube digestif. La diminution de la capacité d’absorption des éléments nutritifs par l’intestin réduit d’autant les quantités ingérables au cours d’un même repas. De plus, la modification des sécrétions hormonales (et notamment l’augmentation de l’insuline) diminue sensiblement les risques de diabète des patients opérés.

 

Des résultats spectaculaires !

Sleeve, By-pass en Y ou en oméga (miniby-pass)… La chirurgie bariatrique demeure une technique lourde réservée aux personnes souffrant d’obésité massive pour lesquelles la prise en charge médicale a échoué. Avant et après l’acte chirurgical, le protocole comporte un suivi par une équipe pluridisciplinaire. La consultation psychiatrique obligatoire a pour but de repérer les éventuelles contre-indications engendrées, en particulier, par les troubles du comportement alimentaire, mais aussi d’évaluer la capacité des personnes à pouvoir s’adapter à ce brusque changement d’image. En amont de l’opération, les nutritionnistes/diététiciens travaillent avec les patients sur les habitudes garantissant un équilibre alimentaire.

« Avant comme après la chirurgie, notre but premier est de promouvoir une alimentation équilibrée et de préparer les différentes phases de réalimentation postopératoire, avant de repasser sur une texture normale et avec des repas fractionnés », précise Clémentine Lapasset, diététicienne à mi-temps à l’Hôpital Privé Saint-Martin Caen.

« L’ensemble de ce cursus qui engage le patient dans un suivi au long cours est pris en charge par l’Assurance maladie, sous réserve d’un accord préalable avec plusieurs consultations (notamment auprès du nutritionniste) prévues annuellement après l’opération (quatre la première année). Il faut insister aussi sur l’importance de la phase de préparation préopératoire », précise le Dr Siriser.

 

Un vrai changement de vie

Après l’opération, la perte de poids peut atteindre parfois 40 % du poids initial. Cette réduction pondérale s’accompagne d’une amélioration générale de la qualité de vie et de la santé des patients opérés. Pour certains, cette restauration considérable de leur image et de l’estime de soi ouvre la voie à de grands changements dans leurs relations affectives et sociales. D’autres parviennent difficilement à croire que le reflet renvoyé par un miroir ou une vitrine est bien le leur. Mais dans tous les cas, le maintien de l’impact positif de l’opération passe par le changement durable des habitudes alimentaires, la pratique régulière d’une activité physique (ne serait-ce que la marche) et la prise quotidienne (à vie) de compléments en vitamines, en minéraux et en oligoéléments pour éviter les carences. Une chirurgie plastique bariatrique (abdominoplastie) peut aussi s’avérer nécessaire pour enlever le surplus cutané.

 

Chiffres*

412 interventions (404 patients) dont 325 femmes (80,8 %) et 79 hommes (19,2 %)

Âge : 42,6 ± 11,6 ans (19 – 70)

203 patients (50 %) sans comorbidité majeure (HTA – Diabète – Dyslipidémie – SAOS)

* Service Chirurgie Digestive et Viscérale de l’Hôpital privé Saint-Martin de Caen du 1er janvier 2008 au 30 juin 2016.

 

Témoignages

Mélanie Babou – Facturière – Hôtesse d’accueil à l’Hôpital privé Saint-Martin Caen

« En 2010, j’ai été la première salariée opérée à Saint-Martin. »

« J’ai toujours été dans l’obésité, même dans l’enfance. Malgré tous les régimes et les conseils de nutritionnistes, je ne parvenais pas à maigrir. Et même si je n’avais pas de problèmes de santé particuliers et que j’appréhendais les éventuelles complications, j’ai décidé de me faire opérer, après avoir eu ma deuxième fille. Le fait de travailler dans cet environnement médicalisé et d’être bien informée m’a sûrement aidée à prendre cette décision. D’autant plus que j’avais déjà eu des contacts avec des personnes opérées ici, étant inscrite dans un réseau d’obésité. Le Dr Siriser et ses équipes m’ont aussi beaucoup aidée dans la phase de préparation. Avant l’opération, j’étais en obésité morbide avec un IMC supérieur à 40. Au plus fort de mon poids, je pesais 127 kg. Après l’opération qui s’est parfaitement déroulée, la perte de poids a été rapide et je suis descendue à 66 kg, bien au-delà de mes objectifs. Parfois, en une journée, je perdais 2 kg ! En 14 mois, j’ai perdu 60 kg. Cette opération occasionne un vrai changement de vie. Au début, on mange sans appétit mais cela revient ensuite progressivement. Accompagnée par une nutritionniste, j’ai retrouvé une alimentation variée mais en plus petites quantités. Aujourd’hui, je vis normalement et suis seulement suivie par un médecin traitant qui surveille l’efficacité des compléments vitaminiques pris quotidiennement. Si je fais des excès, je ressens immédiatement une douleur au niveau de l’estomac… C’est à la suite de cette expérience réussie que d’autres collègues de l’établissement ont décidé elles aussi de faire cette opération. Et si c’était à refaire, je le referai sans hésitation ! »

 

 

Martine Lebailly – Aide-soignante à l’Hôpital privé Saint-Martin Caen – 58 ans

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant son opération de 2013, elle pesait 105 kg pour 1,50 m. Elle a perdu 40 kg en deux ans.

 

« Aujourd’hui, je me sens bien, je me sens moi ! »

« Après ma deuxième grossesse, j’ai eu du mal à maigrir malgré tous les régimes suivis et plusieurs passages dans des centres spécialisés. Pour prévenir les soucis de santé liés à ce surpoids et à mon âge, j’ai décidé de me faire opérer en 2013. Je savais que des collègues avaient été opérées ici avec succès. Avant l’opération, je pesais 105 kg pour 1,50 m. Je me suis dit qu’il fallait absolument que ça s’arrête… Je ne pouvais plus me voir dans un miroir. Moi qui suis dynamique et fais de la danse moderne depuis l’âge de 5 ans, je ne voulais plus ressembler à ce que je voyais. Contre l’avis de toute ma famille qui redoutait les risques de l’intervention, j’ai pris ma décision en accord avec la nutritionniste et le psychiatre. Sur le plan médical, je n’ai pas eu de chance car un point de suture a lâché après l’opération et a nécessité une nouvelle intervention. Après l’opération, ma perte de poids a été très rapide : 11 kg en 15 jours puis plus de 20 kg en trois mois. Ensuite, c’est descendu plus progressivement. Je suis arrivée à peser 66 kg soit une perte totale de 40 kg sur deux ans. Évidemment, il existe des contraintes… Il faut manger lentement en petites quantités et absorber chaque jour des compléments alimentaires. Avec une rééducation spécifique, il a fallu aussi que je fasse un travail sur les muscles de mes jambes qui avaient fondu.

Aujourd’hui, tout va bien… Je fais la cuisine pour avoir une alimentation équilibrée. J’ai compris qu’il fallait manger pour vivre mais pas vivre pour manger ! Je n’ai plus à subir les regards difficiles à supporter. Au contraire, j’ai même droit à des compliments de mes proches et/ou amis. J’ai retrouvé les plaisirs de la féminité, le goût de l’habillement et l’envie de faire plein de choses. »

 

Quatre ans après son opération qui lui a permis de perdre 40 kg en deux ans, Martine Lebailly – aide-soignante à l’Hôpital privé de Saint-Martin Caen se sent bien et déborde de projets.